On l’a dit et redit : les Français, et par conséquent les hommes politiques qu’ils élisent, ont l’humeur changeante, ce qui peut nuire à la continuité de l’action publique.
Adeptes d’une chose le lundi, ils réclament son contraire le lendemain.
La crise du coronavirus renvoie une nouvelle fois cette image d’un peuple instable et difficilement gouvernable.
Depuis des semaines, on répète que les technocrates qui nous gouvernent depuis Paris n’ont pas accordé suffisamment de pouvoir à ceux qui, sur le terrain, devaient faire face à la crise. Et en premier lieu nos chers élus locaux, censés apporter le bon sens qui manque à nos têtes d’œuf parisiennes. Le même reproche a été adressé dans les régions aux Agences régionales de santé (ARS).
Le président de la République a entendu cette petite musique et il est devenu le grand ami des élus locaux. Il a changé de Premier ministre, remplaçant un énarque des villes un peu raide (Édouard Philippe) par un énarque de la campagne à l’accent rassurant. Maire d’une petite commune, Jean Castex joue à fond la carte locale et fait confiance aux élus locaux et aux préfets pour décider de ce qui est le plus efficace.
Cas pratique avec l’obligation de porter le masque dans les lieux publics en plein air : on imagine bien un Édouard Philippe décider une obligation générale du port partout en France. Et pour couronner le tout une annonce un samedi soir à 20 heures pour application à minuit.
Les temps ont changé et on laisse désormais « aux territoires » le soin de choisir ce qui est bien pour eux : ainsi le préfet du Nord a décidé le port du masque obligatoire dans certains lieux de la métropole lilloise ; des maires lui ont emboîté le pas chacun de leur côté au point de provoquer quelques situations cocasses : à Lomme (Nord), comme le relèvent nos confrères de La Voix du Nord, le maire impose le masque sur une avenue qu’il partage avec Lambersart, où le maire n’a rien prévu. Bonjour, le casse-tête pour les habitants qui traversent chaque jour l’avenue. Les mêmes qui hier réclamaient davantage de décentralisation implorent aujourd’hui l’État de prendre ses responsabilités et de rendre le port du masque obligatoire partout pour faciliter la vie des Français. Ce que nos têtes d’oeuf du gouvernement ne sauraient tarder de faire.
August 02, 2020 at 09:30PM
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Têtes d'œuf - Courrier picard
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Oeuf
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